Image
Elle ne devrait entrer en vigueur qu'en 2025 mais elle fait beaucoup parler d'elle. La norme Euro 7 va, notamment, rendre les voitures bien plus chères.

La norme Euro 7 devrait entrer en vigueur le 1er juillet 2025. Elle imposera des règles encore plus strictes en matière d’émissions polluantes des véhicules. Loin de faire l’unanimité, elle risque aussi de générer son lot de conséquences néfastes pour les automobilistes que nous sommes. Nous profitons de l'occasion pour faire le point de la situation. D'où nous venons et où l'on tente de nous faire aller…

Euro 7
Une législation de plus en plus durcie par les instances européennes : va-t-on vers la fin du moteur thermique?


La problématique de la pollution atmosphérique est devenue un enjeu majeur pour l'humanité. Les émissions de gaz à effet de serre et de particules fines provenant principalement des véhicules à moteur sont une menace directe pour notre santé et l'environnement. Elles aggravent notamment les effets des maladies respiratoires et cardiovasculaires et provoquent des maladies cardiaques et des accidents vasculaires.

Rien qu’en Europe, on estime que 238.000 personnes ont perdu la vie de façon prématurée en 2020 à cause de la pollution de l’air. En Belgique, l’Organisation mondiale de la santé parle de 9.000 décès en moyenne chaque année. Face à cette situation alarmante, l'adoption de normes antipollution pour les véhicules représente une mesure cruciale.

Les autorités veulent donc imposer une norme encore plus sévère que les précédentes. Baptisée Euro 7, elle pose a priori énormément de problèmes à tous les acteurs du secteur. Mais avant d'en faire le détail, il paraît intéressant de connaître la genèse de ces différentes législations…


Dès les années 1970, mais 1992 en Europe

Les premières normes antipollution ont été instaurées dans les années 1970. A l’époque, les États-Unis ont adopté le Clean Air Act, qui a permis d'établir des limites pour les émissions des véhicules, notamment pour les hydrocarbures et les oxydes d'azote.

D'autres pays industrialisés ont également commencé à introduire des normes similaires, mais il a fallu attendre 1992 pour que l’Europe introduise sa propre mesure pour limiter les émissions polluantes des véhicules neufs. C’est la fameuse norme "Euro".

Euro 7
Rien à faire, un moteur thermique émet des gaz nocifs et des particules (de plus en plus) fines...


Au fil du temps, ce système a été renforcé, exigeant des limites toujours plus strictes. Ainsi pour les émissions de dioxyde de carbone (CO2), d’oxyde d’azote (NOx) et de particules fines. Tout cela pour en arriver, aujourd’hui, à la norme Euro 6d. Un élément parmi beaucoup d'autres a permis d'y parvenir : les filtres à particules (FAP). Ils sont devenus incontournables pour réduire les émissions de particules fines issues des moteurs diesel.

Aujourd'hui, la norme Euro 7 imposerait une baisse supplémentaire de 35% des oxydes d'azote (pour les moteurs diesel). Mais elle tiendrait aussi compte des particules fines émises par les freins et les pneus. Nous allons y revenir…


Boosté par le dieselgate

Le scandale du dieselgate, qui a secoué le secteur automobile en 2015, a mis en lumière les pratiques frauduleuses de certains constructeurs concernant les émissions polluantes de leurs véhicules diesel… Et a eu des conséquences significatives sur la réglementation des normes antipollution. Les autorités ont alors pris des mesures plus coercitives pour renforcer les normes antipollution et combler les lacunes dans les tests d'émissions.

Euro 7
Le dieselgate a, sans aucun doute, “boosté” les législations pro-environnementales.


C’est ainsi que le protocole WLTP (World wild harmonised Light vehicle Test Procedure) a remplacé le test d’émission NEDC (New European Driving Cycle). Ce dernier datait des années 70 pour mesurer la consommation de carburant et les gaz polluants des véhicules neufs. Une nouvelle procédure qui se base davantage sur des tests de conduite en conditions réelles des véhicules afin d’éviter les manipulations. Le renforcement de ces normes et le scandale du dieselgate ne sont évidemment pas étrangers au développement fulgurant des véhicules électriques dans les gammes des constructeurs automobiles.


Des zones "anti-véhicules polluants"

En se basant sur ces normes anti-pollution, certaines villes et communes européennes ont aussi introduit des zones à faibles émissions (Low Emission Zone). L’accès à ces LEZ est restreint, voire totalement interdit pour certaines catégories de véhicules.

En Belgique, 3 villes – Bruxelles, Anvers et Gand – sont actuellement concernées, avec chacune son propre règlement. Les modèles diesel Euro 1 à 4 sont par exemple déjà interdits aujourd’hui dans la capitale. Alors qu’à Gand, ce sont seulement les Euro 1 et antérieurs qui le sont. Mais ne croyez pas que les voitures les plus récentes seront épargnées. Un véhicule diesel Euro 6d, soit la norme Euro diesel la plus récente, sera par exemple interdit de circulation à Bruxelles dès 2030... Si rien ne change d’ici là !

En Wallonie, un projet de LEZ est aussi à l’étude, mais il ne devrait pas entrer en vigueur avant 2025. Les véhicules Euro 1, 2 et 3 seront concernés à partir de cette date, tandis que les Euro 4 seront interdits à partir de 2026 et les Euro 5 en 2028. Les Euro 6 pourront continuer à circuler en Wallonie jusqu’au 1er janvier 2030.

Pour savoir si votre véhicule est concerné par une interdiction dans certaines villes, vérifiez sa norme Euro en vous référant à son certificat d’immatriculation.


Euro 7: défi et controverse

Tous les 5 ans en moyenne, la norme Euro se voit renforcée par de nouveaux objectifs plus stricts. C’est ainsi que l’actuelle norme Euro 6d devrait laisser place à l’Euro 7 à partir du 1er juillet 2025. Les objectifs sont ambitieux. Ainsi, la nouvelle norme force une réduction de 35% des émissions de NOx et de 13% des particules fines à l’échappement des nouveaux véhicules. Ce n’est pas tout: pour la première fois, elle prendra aussi en compte les particules fines de friction issues des freins et des pneus.

Bien que cette norme Euro 7 soit applaudie par les associations en charge de l'environnement, elle génère également quelques mouvements contestataires. 8 pays membres de l’Union européenne, dont la France et l’Italie, ont ainsi fait savoir qu’ils s’opposaient à cette norme. Poussés par les constructeurs automobiles locaux, ils craignent que les normes draconiennes entrainent une augmentation des coûts de développement et de production des véhicules. Ceci pouvant, évidemment, se répercuter sur le prix final. On craint ainsi l’arrêt pur et simple de la production des petits modèles pour éviter de devoir les vendre à des prix exorbitants. Ce mouvement a déjà commencé !

Volkswagen(rapport d'activité 2022, p.254) a par exemple annoncé que l’introduction de cette norme au 1er juillet 2025 entrainerait l’arrêt de la production de certains modèles pendant plusieurs mois, le temps de les faire homologuer. Ce qui entrainerait des retards considérables dans les livraisons.

Euro
L’Acea estime une augmentation des coûts moyens pour les voitures diesel de 2.629 euros, soit près de cinq fois plus que les chiffres annoncés par la Commission européenne !


Vifs débats

L'ACEA (association européenne des constructeurs) ne cesse de marteler ses contre-arguments. Dans plusieurs communiqués, elle rappelle ses efforts passés. L’association précise : "les normes Euro 6 actuelles sont les plus strictes au monde en matière d’émissions polluantes, les émissions de gaz d’échappement se situant déjà à un niveau à peine mesurable grâce à une technologie de pointe". Et d'ajouter que les véhicules "Euro 7" consommeront plus (+/- 5%) que ceux répondant aux normes actuelles. Or, plus consommer c’est émettre plus de CO2... Ce qui va à l'encontre des politiques européennes visant à lutter contre le réchauffement climatique !

Rappelons à ce sujet que les émissions de CO2 (résultant naturellement de la combustion de matières carbonées) ne sont pas prises en compte dans ces normes. En effet, ce gaz n'est pas considéré par la législation automobile européenne comme un gaz polluant direct. En clair, respirer du CO2 n'est pas toxique pour l'homme et les animaux sauf à des doses très élevées. Vous voyez la schizophrénie qui embrase ce débat !

L’objectif final de toutes ces normes semble pourtant clair: pousser les constructeurs à ne plus fabriquer que des modèles zéro émission. Donc, de facto, des électriques ou à l’hydrogène. Et par la force des choses, contraindre les consommateurs à ne plus acheter de motorisations thermiques.

Du côté des défenseurs de l'environnement et des ONG comme “Transport & Environnement”, on rejette ces arguments. D'abord en expliquant que ces améliorations techniques ne coûteraient finalement "pas tellement" aux constructeurs. Mais aussi et surtout que cette nouvelle norme Euro 7 sera tout bénéfice pour les habitants des grandes villes. Ces dernières étant toujours très impactées par les émissions nocives des véhicules à moteurs thermiques.

Euro
Des ONG comme “Transport & Environnement” affirment que ces améliorations techniques ne coûteraient finalement "pas tellement" aux constructeurs.


Quel impact pour les entreprises ?

Bien sûr, cette norme antipollution ne concerne que les véhicules à moteurs thermiques. Les entreprises ne sont donc que très peu concernées puisqu’elles sont toutes en train d’effectuer la transition de leur parc automobile vers des modèles électriques. D’ici au 1er juillet 2025, la majorité des entreprises n’intégreront plus de voitures thermiques dans leur flotte.

Pour les exceptions, il faudra évidemment tenir compte des augmentations éventuelles de prix des véhicules et revoir leur car-policy et les budgets de leurs collaborateurs en fonction.


Pour compléter votre information:

La norme Euro selon l'âge de votre véhicule

  • Euro 1: entre le 1er janvier 1993 et le 1er juillet 1996
  • Euro 2: entre le 1er juillet 1996 et le 1er janvier 2001
  • Euro 3: entre le 1er janvier 2001 et le 1er janvier 2006
  • Euro 4: entre le 1er janvier 2006 et le 1er janvier 2011
  • Euro 5a: entre le 1er janvier 2011 et le 1er janvier 2013
  • Euro 5b: entre le 1er janvier 2013 et le 1er septembre 2015
  • Euro 6b: entre le 1er septembre 2015 et le 1er septembre 2018
  • Euro 6c: entre le 1er septembre 2018 et le 1er septembre 2019
  • Euro 6d-TEMP: entre le 1er septembre 2019 et le 1er janvier 2021
  • Euro 6d: à partir du 1er janvier 2021
  • Euro 7 : à partir de 2025?

Préparez votre vélo pour le printemps

Préparez votre vélo pour vos sorties printanières. Vérifiez la pression des pneus pour réduire les risques de crevaison. Nettoyez et lubrifiez soigneusement la chaîne pour une conduite en douceur. Accordez une attention particulière aux freins pour rouler en toute sécurité !